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Le projet en deux mots

Le projet POTAGERS a consisté à améliorer la gestion des sols de potagers urbains contaminés en utilisant des amendements organiques et minéraux pour réduire la phytodisponibilité des polluants métalliques, tout en étudiant les pratiques des jardiniers et les impacts environnementaux, sanitaires et socio-économiques. L'objectif a été d'évaluer le potentiel des composts et des amendements pour limiter l'exposition aux contaminants et proposer des recommandations pour une gestion sûre et durable des potagers urbains.

Contexte et enjeux

Le besoin de nature en ville, l’engouement pour le manger sain et le contexte socio-économique difficile contribuent à l’accroissement des demandes en jardins potagers. Or, les sols urbains sont des milieux complexes, souvent très hétérogènes et qui peuvent, en fonction de leur histoire et/ou de leur environnement, présenter des qualités agronomiques médiocres et laisser supposer la présence dans ces sols de contaminants d’origines diverses et à des concentrations variables. Le projet POTAGERS a pour objectif de traiter l’ensemble de la chaîne depuis l’expérimentation jusqu’à l’aide à la décision pour des végétaux de potagers destinés à la consommation humaine. L’enjeu du projet est d‘étudier l’intérêt d’amendements, notamment de composts autoproduits et d’amendements minéraux, pour gérer des sols de potagers urbains présentant des contaminations géogènes et/ou anthropiques ne remettant pas en cause les usages récréationnels. Il s’agit d’inventorier et de sélectionner des amendements cités dans la littérature puis, d’évaluer leurs potentiels pour gérer de façon durable la phytodisponibilité des métaux ainsi que l’exposition des jardiniers et de leur famille via l’ingestion de particules de terre ou de légumes autoproduits et les risques associés. Ceci implique (1) d’analyser les pratiques des jardiniers, leurs connaissances de l’historique de leur parcelle, leurs savoirs en termes de pratiques culturales en général et de compostage plus particulièrement, les effets des modes de gestion étudiés sur la fonctionnalité des sols et d’une façon plus globale, sur les services écosystémiques rendus par ceux-ci et (2) d’intégrer les capacités d’adaptation des acteurs concernés (jardiniers, associations, collectivités, producteurs de composts) aux modalités de gestion proposées. Les effets de différents amendements sur le sol sont étudiés dans la cadre d’expérimentations en serre puis in situ, dans des contextes environnementaux urbains complémentaires. Le grand défi est de savoir sous quelles conditions il est possible de maintenir une vocation de production potagère sur des espaces dégradés, cela en répondant à des attentes environnementales, sociales et économiques, en favorisant une consommation locale et en contribuant à une économie circulaire.

Objectifs

La démarche vise à acquérir un ensemble de connaissances scientifiques et techniques dans différents contextes environnementaux, pédo-climatiques et socio-économiques. Il s’agit plus spécifiquement :

  • de renseigner, dans différents contextes urbains et à l’échelle nationale, (1) les pratiques culturales et de compostage dans des jardins collectifs urbains et (2) de constituer un référentiel sur les paramètres physico-chimiques d’auto-composts
  • de recueillir le ressenti des jardiniers et des gestionnaires de potagers vis-à-vis de la qualité des sols, leurs savoirs en termes de pratiques culturales et plus spécifiquement sur le compostage, la perception et l’acceptation des modes de gestion proposés ainsi que les conditions pour que ceux-ci soient mis en œuvre;
  • d’étudier les effets d’amendements sur la fonctionnalité des sols, le comportement des ET, la faune et les microorganismes du sol,
    et les productions potagères ;
  • d’évaluer les expositions et les risques sanitaires pour les usagers de jardins potagers avec et sans amendements des sols ;
  • de décrire les perspectives d’usage d’amendements sur des sols de potagers, en complément des mesures de gestion actuellement disponibles, sous les angles sanitaire, technique, économique, réglementaire et social.

Résultats

Les résultats obtenus sur les expérimentations ex situ ont mis en évidence des effets positifs de certains amendements diminuant ainsi l’extractabilité, la bioaccessibilité, la concentration dans la solution du sol et la phytodisponibilité des métaux. Par contre, les expérimentations menées in situ ont apporté des réponses différentes. D’une manière générale, aucune généralité ne peut être formulée sur l’efficacité des amendements testés (fleur de chaux, compost, compost mélangé à de la zéolithe, poudre d’os, terreau de semis). Les amendements testés sur différents jardins (fleur de chaux et compost) ont montré des effets contradictoires sur les 4 métaux étudiés (par exemple, une augmentation des concentrations en plomb et une diminution des concentrations en arsenic). Pour un même métal, les effets des amendements diffèrent également selon les espèces végétales (augmentation ou diminution des concentrations dans les organes consommés). Par ailleurs, pour un même couple « métal/espèce végétale », les amendements peuvent avoir des effets différents selon le jardin et l’origine géogène ou anthropique de la pollution métallique. L’absence de réduction des expositions et des risques sanitaires associé à l’emploi d’amendements peut être liée à un environnement initial déjà peu propice à la mobilité des métaux. En effet, les sols des jardins étudiés présentent des pH neutres, un peu basiques, et des fortes teneurs en matière organique. Il convient donc de maintenir les paramètres du sol et d’éviter d’utiliser des amendements pouvant acidifier le pH qui mènerait à un relargage des métaux. La réduction des risques sanitaires peut s’obtenir par l’utilisation de paillage autour des cultures. Cette pratique culturale permet de limiter le contact direct avec le sol, mais aussi le réenvol des poussières qui se redéposent sur les légumes-feuille en particulier. La séquestration des métaux n’a pas été mise en évidence au cours d’une saison culturale et ces essais permettent de s’interroger sur l’efficacité des amendements à moyen terme. Il convient de rappeler que les évaluations des expositions et des risques sanitaires ont été réalisées sur la base d’expérimentations in situ menées sur une seule saison culturale, les résultats obtenus correspondent à un état des lieux mesuré à un moment donné. Or le sol est un milieu dynamique, riche en organismes et le siège d’équilibres multiples, en constante évolution.

Partenaires

JUNIA, LGCgE (coordinateur), Ineris, Univ Lille LGCgE, INRAE AgroParisTech, IRSTV, AGRIOPALE

Détails du projet

Début et fin de projet : Juillet 2019 à Avril 2024

753k€ Montant total du projet

250k€ Aide projet

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