Le projet en deux mots
Le projet interdisciplinaire PACC-MACS a identifié et a évalué des scénarios de politiques publiques de lutte contre la pollution atmosphérique et le changement climatique à l’échelle de la métropole grenobloise à l’horizon 2050. Il s’est appuyé sur des modèles climatiques globaux et régionaux, des modèles de température et de pollution et des méthodes d’évaluation d’impacts sanitaire et économique.
Contexte
A l’échelle de l’agglomération grenobloise, les partenaires du projet avaient estimé que les particules fines étaient responsables de 145 décès par an (soit 5,6% des décès), et représentaient un coût économique de l’ordre de 500 millions d’euros par an. Le changement climatique, et notamment la hausse des températures, affecte également la qualité de l’air et pèse sur la mortalité.
Objectifs
L’objectif du projet PACC-MACS était d’évaluer à l’échelle de l’agglomération urbaine grenobloise, l’impact à moyen terme (horizon 2050) des émissions de polluants atmosphériques et des émissions de gaz à effet de serre sur la qualité de l’air, la température et le climat locaux, la santé, ainsi que l’impact de scénarios d’adaptation au changement climatique, et l’estimation des coûts associés à chaque scénario.
Synthèse des résultats
Climat
Vers la fin du siècle, le nombre de jours de canicule attendu dans la vallée de Grenoble, pour la trajectoire SSP5-8.5 est presque quatre fois supérieur à celui pour la trajectoire SSP2-4.5. Avec cette dernière, la canicule de l’année 2003, de caractère exceptionnel lorsqu’elle s’est produite, pourrait devenir un évènement annuel (ou à courte périodicité) à la fin du siècle. Une canicule marquée des années 2050 dans le bassin grenoblois se traduit par des températures maximales diurnes supérieures d’environ 5°C à celles de 2023, atteignant souvent 40 à 43°C, tandis que les températures nocturnes restent voisines de 26°C dans le centre urbain de Grenoble et de 24°C dans les zones naturelles environnantes.
Les mesures d’adaptation proposées par la métropole grenobloise pour les horizons 2030 et 2050, telles que la plantation d’arbres (+15%), l’augmentation de la canopée urbaine (+30% en 2030, + 40% en 2050), l’isolation des bâtiments (+30% en 2030, +50% en 2050)… permettraient d’obtenir, en 2030, un refroidissement d’environ 0,1 à 0,5 °C pendant la journée et de 0,15 à 0,35 °C pendant la nuit lors de canicules. La politique 2050 accroit ces réductions de 0,3 à 0,5 °C supplémentaires, dépassant parfois une baisse de 1 °C dans de vastes parties de la ville. Dans le scénario de référence 2058, les baisses de température absolues peuvent être encore plus importantes : 0,5 à 1 °C pour la politique 2030 et 1 à 2 °C pour la politique 2050.
Qualité de l’air
Les objectifs de baisse des émissions de polluants atmosphériques du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) de la Région Auvergne-Rhône-Alpes aboutissent à l’horizon 2050 a des réductions de 67 % pour les particules PM2.5, de l’ordre de 50 % pour les particules PM10 et de 75 % pour les oxydes d’azote, par rapport à l’année de référence 2015. Dans la ville de Grenoble, la baisse de la concentration moyenne en PM2,5 attendue est de plus de 70 %, passant de 12 μg/m3 en 2015 à 5,1 μg/m3 à l’horizon 2050, proche de la valeur guide actuelle de l’OMS.
Santé
Dans le scénario SSP5-8.5, correspondant à une absence de contrôle des émissions de gaz à effet de serre, pour 2050, la température moyenne pondérée par la population à Grenoble augmenterait de 1,2 °C. En conséquence, la fraction de mortalité liée aux températures non optimales atteindrait 9,4 % (contre 7,1 % en 2016). A l’inverse, grâce aux mesures d’atténuation, l’exposition moyenne aux particules fines et la mortalité associée diminueraient significativement.
Au total, les évolutions combinées de la température et des PM2.5 entraîneraient une réduction nette de 4,4 % de la mortalité entre 2016 et 2050, à démographie constante. Ainsi, l’amélioration projetée de la qualité de l’air (dépendante de la mise en oeuvre de mesures concernant le trafic routier, le parc automobile, le chauffage et l’isolation des logements notamment) permettait de « compenser » l’impact accru de la température.
Coordinateur
- Rémy SLAMA, Inserm
Partenaires
- Université Grenoble Alpes
- Inserm
- CNRS
- Atmo Auvergne Rhône-Alpes