Le projet en deux mots
Le projet ISMIIR vise à développer et valider une technologie d'injection de gel réactif pour immobiliser in situ le mercure dans les sols contaminés, en stoppant sa lixiviation et volatilisation, permettant ainsi la réutilisation des sites avec moins de restrictions et en évitant la solidification totale ou le confinement des sols.
Contexte et enjeux
L’utilisation historique du mercure dans les procédés industriels a été la cause de nombreuses contaminations des sols (500 sites contaminés par le mercure en France dans la base de données BASOL). Si toutes les électrolyses à mercure ont été arrêtées en 2017 et l’emploi du mercure est aujourd’hui interdit ou très encadré pour les autres activités, un ensemble de contaminations et de pollutions liées à l’utilisation du mercure reste à traiter. Avec la réhabilitation des sites contaminés en cours, le traitement des zones fortement concentrées est actuellement géré par des techniques d’excavation qui offrent le meilleur rapport coût / avantage. Toutefois, on retrouve généralement autour de ces zones des concentrations significatives de mercure sur de larges surfaces. Cette contamination étendue est superficielle, mais peut constituer une source secondaire de contamination des eaux. Par ailleurs, il n’existe à ce jour pas de technologie qui soit déployable à un coût compétitif pour traiter ces zones spécifiques. L’ambition du projet ISMIIR porte ainsi sur le développement d’une solution de traitement économe de ces larges zones.
Objectifs
Le projet ISMIIR vise à développer une solution de traitement des zones étendues et superficielles de contamination au mercure, basée sur l’utilisation d’un réactif peu coûteux et une technique d’injection sobre. Le réactif développé sera injectable par imprégnation, sans nécessité de remanier le sol pour limiter au maximum les coûts et les risques d’exposition. La solution développée aura pour but d’être également applicable aux sites industriels (dalles, réseaux enterrés, etc.). Les partenaires du projet ont ainsi pour objectif de développer une solution de composition visqueuse et inorganique pour respectivement améliorer sa dispersion et éviter la formation de complexes organomercuriels et de lui donner la capacité d’immobiliser le mercure chimiquement. L’applicabilité technicoéconomique de la combinaison réactif / méthode d’injection est l’enjeu majeur et sera évaluée sur la base des résultats d’un pilote qui sera réalisé sur un site industriel.
Déroulement
Le projet d’une durée de 42 mois est organisé autour de 4 lots. Le premier est la coordination de l’ensemble du projet, porté par SERPOL. Les trois lots techniques s’enchaineront chronologiquement avec :
- La réalisation d’essais laboratoires menés par IC2MP et ESTP avec la formulation et la caractérisation du réactif correspondant au cahier des charges établi pour le traitement. Les essais incluent également des simulations en bacs à deux dimensions pour caractériser l’écoulement du réactif lors de l’imprégnation du sol et les impacts géotechniques sur les sols ;
- Sur la base de ces résultats, un changement d’échelle sera ensuite réalisé par SERPOL avec un essai pilote conduit sur site.
- Durant l’injection, les paramètres opérationnels (pression, débit…) seront suivis et la propagation du gel observée en temps réel par tomographie de résistivité électrique. Après les injections, des mesures de lixiviation et de volatilisation du mercure seront réalisées afin de quantifier la réduction des transferts. Enfin, des mesures géotechniques et de perméabilité seront réalisées au droit des zones traitées.
- A partir des résultats obtenus, une analyse technico-économique de la solution développée dans le projet sera réalisée par INOVYN, appuyé par AECOM.
Résultats
Innovation et économie : Développement d’une solution pour l’immobilisation du mercure sur de larges surfaces pour lesquelles il n’existe pas de solution économiquement acceptable.
Environnementale et sociale : la technologie in situ innovante développée est susceptible de limiter l’excavation des sols pollués, traités hors site et générateurs d’émissions de GES.
Les résultats du projet seront valorisés auprès de la communauté scientifique de la remédiation des sites et sols pollués par la participation à des congrès de dimension internationale (Aquaconsoil, Battelle Chlorinated Conference ou The Remediation Technologies Symposium (RemTech)) et la réalisation de publications. La valorisation des résultats du projet est à la fois technique, économique, environnementale et sociétale en permettant la réhabilitation de zones, avec une innovation technologique de formulation et d’application, pour lesquelles aucune action n’est engagée à ce jour. De plus, les résultats obtenus pourront être valorisables pour d’autres applications, en particulier pour les métaux et métalloïdes lixiviables retrouvés en contexte industriel sur de larges surfaces/volumes.
Partenaires
SERPOL (coordinateur), AECOM, ESTP, INOVYN France, UNIVERSITE DE POITIERS
Détails du projet
Début et fin de projet : Décembre 2023 à Mai 2027
596k€ Montant total du projet
398k€ Aide projet