Le projet en deux mots
Le projet ACACIAS a consisté à coupler une base de données GPS d’usages réels de la route (approche à haute résolution spatio-temporelle, dite microscopique) avec des enquêtes ménages-déplacements (approche à l’échelle d’un territoire, dite macroscopique). Cette méthodologie de couplage, à la fois quantitative et qualitative, apporte aux villes un nouvel outil pour évaluer plus finement l’impact sur la qualité de l’air de leurs politiques en matière de mobilité et d’aménagement routier. La démarche ACACIAS a été appliquée à différents cas d’étude de la métropole de Lyon : changement d’une infrastructure de transport en commun (TC), offre de TC vs usage individuel de la voiture, mise en place d’une zone à faible émission (ZFE), Plan de déplacement urbain (PDU) 2030.
Contexte
Principal contributeur aux émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, le secteur du transport est aussi à l’origine de la dégradation de la qualité de l’air. La métropole lyonnaise est particulièrement affectée : le secteur des transports routiers y représentait en 2018 plus de 30 % des émissions de GES, 60 % des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et plus de 30 % des particules fines (PM10 et PM2,5).
Objectifs
L’objectif du projet était de proposer de nouvelles méthodologies d’évaluation des leviers de réduction des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre avec une double ambition :
• améliorer la qualité d’estimation des impacts environnementaux en se basant sur des données réelles de mobilité ;
• progresser dans l’évaluation des potentiels de réduction des émissions en reliant les émissions à la mobilité et ses déterminants
socio-économiques.
Synthèse des résultats
Émissions liées à la mobilité
Appliqué à la métropole lyonnaise, la démarche ACACIAS a montré sa capacité à prendre en compte la topographie (pentes), la congestion du trafic mais aussi les aménagements et la signalisation routière pour le calcul des émissions des véhicules. La méthodologie COPERT ne différencie pas actuellement la pente dans les facteurs d’émissions des VP et VUL. Les facteurs d’émissions ACACIAS, qui disposent de cette information, sont exploités afin d’obtenir des facteurs correctifs applicables aux facteurs d’émissions COPERT.
Choix modal
Le couplage des données GPS avec celles issues de l’enquête mobilité éclaire la compréhension des choix de mode de transport dans différentes zones de l’agglomération lyonnaise, en renseignant sur les différences de temps de trajet entre la voiture particulière et les transports en commun (TC), d’une zone à une autre.
Le couplage a permis de générer des données représentatives pour toutes paires origine-destination, y compris celles qui ne figuraient pas dans l’enquête Ménages Déplacements Lyon 2015.
La carte des différences de vitesse moyenne entre voiture et TC à origine fixée, c’est-à-dire en calculant la vitesse moyenne de déplacement pour aller d’une origine vers toutes les autres zones de destination (cf. figure Carte agrégée des différences de vitesse)
donne, par exemple, des informations sur la connectivité d’une zone en transport en commun.
Zone à faibles émissions (ZFE)
La méthodologie ACACIAS a permis de simuler l’impact d’une ZFE sur les déplacements des usagers et la vitesse moyenne des itinéraires à l’intérieur et à l’extérieur de la ZFE ainsi que sur les émissions associées (NOx, CO2 et particules à l’échappement).
À titre d’exemple d’utilisation de l’outil pour un choix de paramètres de simulation donnés, on observe que le scénario ZFE 2025 réduit globalement les émissions de NOx d’environ 10 % par rapport au scénario de référence avec un parc automobile de 2021 sans restriction de circulation (ceci en tenant compte de l’augmentation des émissions sur les itinéraires contournant la ZFE.
ACACIAS améliore l’élaboration d’outils de planification territoriale tels que le plan de déplacements urbains (PDU) de l’agglomération lyonnaise en apportant davantage de précisions et de nouveaux paramètres, renseignant ainsi sur les actions ayant trait aux infrastructures, au parc de véhicules, mais aussi sur les comportements et en particulier sur l’écoconduite.
ACACIAS a permis de quantifier le potentiel de cette mesure inscrite dans le PDU : une réduction de 20 % des émissions de CO2 pour les vitesses supérieures à 50 km/h.
Les résultats du projet ACACIAS peuvent avoir plusieurs apports en regard d’un outil de planification tel que le PDU. Par leur nature, ils peuvent permettre d’améliorer la chaîne d’élaboration de ce plan, du diagnostic au test de scénarios en passant par des modélisations. En effet, l’approche de couplage par modélisation retenue dans le projet ACACIAS assure la réplicabilité de la méthode à d’autres territoires uniquement sur la base de données d’enquêtes de mobilité et sans besoin de collecte préalable de données GPS d’usage réel.
Coordinateur
- Giovanni DE NUNZIO, IFP Energies nouvelles
Partenaires
- Cerema
- Atmo Auvergne-Rhône-Alpes
