Le projet en deux mots
Le projet ACRA a exploré les co-bénéfices des mesures d’atténuation du changement climatique pour la qualité de l’air. Pour cela, il a croisé des modèles de prospective énergétique, de représentations de préférences des citoyens, d’inventaires d’émissions de polluants, d’impacts sur la qualité de l’air et sur la santé humaine, y compris en termes économiques. Il s’agissait d’un projet de recherche-action destiné à éclairer les scénarios de neutralité carbone et à orienter les décideurs vers des politiques publiques aux bénéfices multiples.
Contexte
Les politiques d’atténuation du changement climatique impliquent des mesures d’efficacité énergétique, des changements structurels et d’autres mesures technologiques qui conduisent aussi à une baisse des émissions de polluants. Selon le sixième rapport du GIEC, la mise en oeuvre de mesures d’atténuation du changement climatique apporterait de nombreux co-bénéfices, en particulier pour la qualité de l’air et la santé.
Objectifs
Le projet ACRA a exploré les interactions entre les politiques d’atténuation du changement climatique et d’amélioration de la qualité de l’air. En utilisant des approches de modélisation et d’économétrie, il a quantifié les co-bénéfices et les risques associés à ces politiques. Son principal objectif a été de mieux intégrer les impacts sur la qualité de l’air dans les stratégies de neutralité carbone afin de maximiser les bénéfices pour la santé publique et l’environnement.
Synthèse des résultats
Politiques climatiques et qualité de l’air :
Les politiques climatiques constituent un levier supplémentaire pour réduire les émissions de polluants. Le scénario le plus vertueux est celui qui cumule neutralité carbone et politique ambitieuse pour la qualité de l’air (POLES/NetZero/QA+). Les mesures de réduction de la pollution combinées avec la décarbonation sont plus efficaces que la décarbonation à elle seule.
Cela est surtout vrai pour les émissions de particules fines, de composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) et d’ammoniac (NH3).
Analyse coûts-bénéfices :
À l’horizon 2050, le scénario POLES/NetZero/QA+ induit un surcoût pour le système énergétique de 11 milliards d’euros par rapport au POLES/BaseGES/QA+. Les co-bénéfices sanitaires et les économies sur les dépenses pour la lutte contre la pollution de l’air deviennent aussi plus importants pour atteindre, à ce même horizon entre 6,5 (VOLY) et 16,5 (VSL) milliards d’euros.
En utilisant l’indicateur le plus conservateur (VOLY, les impacts sanitaires uniquement des PM2,5), les co-bénéfices des scénarios énergétiques pour la santé et en matière d’économies pour les politiques air compenseront à hauteur de 30 à 60 % (en 2030 et 2050, respectivement) les surcoûts des mesures énergie et climat. Mais si l’on considère des indicateurs de monétisation des bénéfices sanitaires plus majorants (VSL, incluant également les impacts sanitaires du NO2), les bénéfices dépassent les coûts.
Deux types de scénarios de décarbonation indépendants ont pu être analysés dans le projet : les scénarios du modèle POLES et ceux de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC3). Les estimations de réduction des dommages sanitaires imputables à la qualité de l’air sont très cohérentes avec respectivement 4 et 5,7 Mrd € d’écart entre le scénario de référence et le scénario de neutralité carbone.
Consentement à payer
Les consentements à payer des ménages sont similaires pour les deux types de politiques, entre 0,65 et 1 € par m2 de logement, indiquant une sensibilité comparable aux enjeux climatiques et de qualité de l’air.
Coordinateur
- Augustin COLETTE, INERIS
Partenaires
- INERIS
- CITEPA
- Laboratoire d’économie appliquée de Grenoble (GAEL)
- Laboratoire d’économie et de management Nantes-Atlantique (LEMNA)