Le projet CARTORISK 1, cofinancé par l'ADEME, a développé une méthodologie géostatistique pour cartographier les risques sanitaires liés à la pollution des friches industrielles et urbaines, visant à guider les choix de réaménagement. Le projet CARTORISK 2 vise à améliorer cet outil en intégrant des sous-sols, en calculant les surcoûts des excavations, en prenant en compte diverses incertitudes et en améliorant la représentation spatiale des risques pour faciliter son utilisation et sa communication.
Contexte et enjeux
Plusieurs milliers de sites pollués issus d’activités anciennes sont recensés à l’échelle nationale. Les friches qui en résultent (industrielles, maritimes, militaires …) représentent des opportunités de renouvellement urbain importantes pour les collectivités dont la volonté de reconversion est accentuée ces dernières années par la nécessité d’un meilleur recyclage du foncier.
Avoir une vision spatialisée des opportunités de réaménagement en fonction du degré de pollution, des risques sanitaires potentiels et des coûts de gestion des potentielles terres excavées, permet une consolidation du plan de gestion. L’intégration des incertitudes spatiales associées aux diagnostics dans l’estimation des risques sanitaires et des coûts d’excavation des terres permet de sécuriser le processus décisionnel de la reconversion.
Cofinancé par l’ADEME entre 2015 et 2023 et porté par eOde, Element Terre, Geovariances et Ginger Burgeap, le projet CARTORISK a conduit à l’élaboration d’une méthode permettant de cartographier les risques sanitaires associés à la pollution d’une friche industrielle ou urbaine pour divers projets de reconversion.
Objectifs
Le projet CARTORISK a pour objectif d’élaborer une méthodologie qui permette de cartographier les risques sanitaires en tenant compte des hétérogénéités des milieux et de la pollution ainsi que des incertitudes associées. Les cartes ainsi produites permettent de confronter différents plans de réaménagement de sites selon l’angle de la pollution des sols tant vis-à-vis des risques sanitaires induits que des économies potentielles associées à la gestion des terres à excaver pour la réalisation des infrastructures. La méthodologie est destinée à aider les maîtres d’ouvrage à choisir le meilleur compromis de réaménagement en termes financiers, environnementaux et sanitaires.
Les cartographies des risques produites pour les différentes voies d’exposition (inhalation, ingestion) réalisées à partir des méthodes géostatistiques permettent de délimiter les zones à forte ou faible probabilité de risque ainsi que les zones peu renseignées, et donc incertaines, où un effort de caractérisation peut être nécessaire.
Déroulement
La procédure CARTORISK comprend une succession de fonctionnalités appliquées aux données d’entrée que sont les modèles géostatistiques et les plans de réaménagement avec les usages prévisionnels (tertiaire, résidentiel) et les paramètres de transfert et d’exposition pour les différents composés à prendre en compte en tenant compte des usages prévus, des caractéristiques des milieux (nature des sols…) et de la pollution. Ces fonctionnalités, sont les suivantes :
Estimation des transferts de la pollution vers les cibles par ingestion directe du sol ou par ingestion de végétaux produits sur le site,
Estimation des transferts de la pollution de la phase gazeuse du sol vers les cibles par inhalation de l’air intérieur des futurs bâtiments avec ou sans sous-sols,
Calculs de l’exposition sous forme de dose journalière d’exposition (DJE) ou de concentration inhalée,
Calculs des QD et des ERI,
Calculs des probabilités de dépassement des seuils respectifs 1 et 10-5 pour les QD et les ERI,
Représentation sous forme de cartes des opportunités de réaménagement (une carte par type d’usage pour localiser les secteurs les moins à risques pour ce type d’usage) ou de cartes de risques pour différents plans de réaménagement,
Calculs des coûts de gestion des terres mobilisées par le réaménagement.
Résultats
La démarche de spatialisation des risques sanitaires développée dans CARTORISK permet de produire différents types de cartes : cartes d’opportunités et cartes de risques pour diverses variantes de réaménagement ainsi que les coûts liés à l’excavation des terres qui tiennent compte des hétérogénéités spatiales et des incertitudes sur la pollution.Il représente donc un outil d’aide à la décision précieux pour les aménageurs, maitres d’ouvrage publiques ou privés qui veulent développés des projets de reconversion des friches.
Application et valorisation :
Le projet CARTORISK a abouti au développement d’un package R comprenant l’ensemble des fonctions de la méthodologie mise en place. Cet outil a été appliqué sur deux sites présentant des pollutions, usages et besoins différents dans le cadre du projet. L’outil a fait l’objet d’une présentation récente (Matinale CARTORISK), auprès des acteurs de la reconversion en avril 2024 à Paris qui a réuni environ 70 personnes issues de collectivités publiques ou sociétées privées. Cet outil est aujourd'hui mis à la disposition des acteurs du réaménagement par l'intermédiaire des partenaires du projet.
