POLIVAL

Les sites et sols pollués et friches industrielles sont un réservoir stratégique de terrains à reconquérir. Mais les activités passées y ont souvent laissé leur trace. La viabilité d’une reconversion dépend alors pour partie du coût de travaux de dépollution du sol et de mesures constructives de protection sanitaire. Or des erreurs d’appréciation de la situation de pollution peuvent générer des surcoûts et des délais supplémentaires dans la remise en état des sites, avec une prise de risque significative et l’engagement de la responsabilité des décideurs. 

Le niveau de pollution d’un terrain reste actuellement difficile à caractériser car les données collectées sont souvent limitées alors que le milieu souterrain est complexe. La principale avancée des dernières années tient à l’utilisation croissante d’outils mathématiques pour quantifier les incertitudes des diagnostics de pollution, avec la constitution d’un savoir-faire des professionnels et la demande de prestations dédiées par les donneurs d’ordre. 

On constate cependant que l’information et les raisonnements associés à l’estimation de l’incertitude ne sont pas pris en compte d’un bout à l’autre des chaînes de décision, parmi l’ensemble des acteurs directs et indirects en relation avec les sites et sols pollués et les friches (acteurs du BTP, administrations locales, …). Plus précisément, on observe que les niveaux de confiance fournis avec les estimations de volumes ou les zones à dépolluer sont sous-utilisés, et parfois occultés. Le risque et la responsabilité pris à chaque étape sont alors sous-estimés, avec des conséquences financières, juridiques et sanitaires pouvant être très dommageables. 

En 2021, l’ADEME a initié un groupe de travail (GT Incertitude) réunissant des acteurs de la dépollution et de la revalorisation des friches, pour initier une réflexion sur le sujet. Dans la continuité, le projet POLIVAL vise à proposer des solutions pour améliorer la prise en compte de l’incertitude dans les différentes étapes du processus décisionnel aboutissant à la réhabilitation des sites et sols pollués et des friches. Des outils pragmatiques seront élaborés pour faire progresser la culture et l’usage des incertitudes, en deux étapes : 

1. Une étape de compréhension et d’analyse des processus décisionnels du recyclage des friches. Elle vise à déterminer les chaînes de décision, ses acteurs, leurs responsabilités et les risques qu’ils encourent. A partir d’une enquête et d’un atelier avec un comité de suivi, cette étape aboutira à l’établissement d’arbres décisionnels, outils représentant un ensemble de choix sous la forme graphique d’un arbre. Les différentes solutions possibles sont situées aux extrémités des branches, et sont atteintes en fonction des décisions prises à chaque étape. Les nœuds critiques où l’incertitude a une forte influence sur le devenir des sites et la réussite des projets seront identifiés, et les pratiques actuelles d’intégration de l’incertitude dans ces chaînes seront recensées. 
2. Une étape de construction de traducteurs d’incertitude pour améliorer la prise en compte des incertitudes aux nœuds critiques des arbres décisionnels. Des traducteurs pouvant prendre la forme de recommandations, prescriptions ou méthodes seront développés, en s’appuyant notamment sur la théorie de l’acteur réseau. Ils seront ensuite testés expérimentalement sur un site d’essai décliné en deux scénarios « friche » et « site pollué », puis ajustés avec le comité de suivi. 

EODE SARL (coordinateur), CLOUD SPOTTING, PHIMECA

Début et fin de projet :  Décembre 2023 à Novembre 2025